Aslög s’étira paresseusement en appuyant son dos contre le tronc d’arbre sur lequel elle était adossée. Pour être à l’ombre. Parce que sortir dehors, oui, mais aller jusqu’à s’allonger au soleil, il ne fallait pas pousser.
Elle bailla longuement, ses paupières se fermant doucement et la suédoise sentait que, accablée par la chaleur, elle allait finir par sombrer dans le sommeil.
On supportait la chaleur ou on ne la supportait pas. Aslög était une fille du froid. L’été avait un effet très néfaste sur son énergie. Pour ne pas dire qu’elle devenait totalement incapable de faire le moindre mouvement. Et ce n’était pas de la paresse pure et simple, c’était plutôt un état apathique qui la poursuivait tant que la température n’était pas au dessous de vingt degrés.
Remarquez, le côté positif était que son état de léthargie était tel, qu’elle n’avait même pas la force de râler ou de crier sur quelqu’un.
Elle se redressa légèrement pour sortir de sa torpeur et se forcer à ne pas s’endormir.
Ses yeux inexpressifs s’attardèrent sur le parc – d’ailleurs fort bien entretenu – rempli d’élèves qui attendaient oisivement que la journée se termine en profitant des chauds rayons de soleil. Elle ne parvenait même pas à compter le nombre de groupe d’étudiant nonchalamment installé sur les bancs et qui discutaient paisiblement.
Bande de fous.
Aslög n’avait quitté le dortoir pour la seule et unique raison que le chauffage était déréglé. Et qu’il faisait donc encore plus chaud à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Elle voulait retourner dans son pays natal, pitié !
Son regard morne se posa sur deux jeunes gens, un garçon et une fille, allongés côte à côte dans l’herbe. Ils avaient apparemment goûté dans le parc, et devaient à présent se reposer.
Leurs lèvres bougeaient rapidement, preuve qu’ils tenaient une discussion, mais la suédoise était trop loin pour entendre, et pas assez douée pour lire sur les lèvres.
Soudainement, la fille releva le garçon en hurlant quelque chose à propos d’une idée qu’elle venait d’avoir, et elle lui attrapa la main avant de se mettre à le traîner derrière elle.
Lassée de cette scène, la suédoise en détourna son attention et son regard brun explora le parc avant de se fixer sur une brune qui lisait seule. Scène très peu intéressante s’il en est. La jeune fille – qu’Aslög finit par identifier comme étant Lou, l’une des rares personnes dont elle se rappelait le prénom - frissonna, resserrant les pans de son gilet autour d’elle. De son gilet.
Aslög hallucina. Et elle comprit qu’elle avait réellement un problème avec la température puisque les gens semblaient très bien s’adapter à ce qu’elle appelait « canicule » et qu’ils avaient même froid.
Les gens sont fous.
Lou se redressa brusquement, et lança :
« Il faut que je retrouve le directeur, il va encore rater la réunion ! »
Aslög retint un soupir. Les étudiants de ce campus semblaient tous atteints d’un profond besoin de parler seul. Ça en devenait presque inquiétant.
N’ayant pas la force de faire le moindre commentaire, elle se contenta d’hausser un sourcil lorsqu’elle remarqua une jeune fille s’avancer vers Lou.
Une jeune fille avec des cheveux roses. Roses. Allons bon. Et une tarte à la main. Ben voyons.
La suédoise se fit remarquer que certaines choses ne la surprenaient même plus. Alors que rencontrer quelqu’un – avec des cheveux roses - qui transportait un gâteau en plein milieu du parc d’un institut réputé pour le sérieux de ses élèves. Et bien, normalement, ça aurait dû lui paraître étrange.
Là, elle se contenta de s’installer plus confortablement contre son tronc et d’écouter la jeune fille – aux cheveux roses - interroger la brune :
« Tu ne devrais pas être à la réunion ? Au fait, tu veux de la tarte ? »
Et en plus cette fille – aux cheveux roses (décidemment, elle faisait une fixette là-dessus) – ne semblait pas connaître le principe d’un sujet de conversation. Parce que passer de « la réunion » au partage d’une tarte, c’était… assez peu commun.
Aslög soupira.
Et elle bailla bruyamment.
(NDA : Oui, Aslög a un problème avec les cheveux de Kiyomi. Je sais pas pourquoi, je trouvais juste ça drôle à écrire).